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Expositions universelles : le procès perdu de l'architecture moderne / Yaron Pesztat
Livre
Edited by AAM éditions ; CFC-Éditions - 2022
En 1894, l’architecte belge Paul Hankar – un des trois pères de l’Art Nouveau, avec Victor Horta et Henry van de Velde – conçoit un projet de « Quartier moderne » pour l’Exposition universelle de 1897 à Bruxelles. Il le présentera également pour l’Exposition de 1900 à Paris. Dans une architecture de fer et de verre d’expression Art nouveau, Hankar et son complice, le décorateur Adolphe Crespin, imaginent une petite ville articulée autour d’une place publique bordée de magasins, d’hôtels et de restaurants, d’une salle d’exposition, d’une salle de théâtre ainsi que d’une salle de sports. Juste à côté, ils disposent des quartiers d’habitation constitués de petites maisons ouvrières avec jardin mais également de grandes villas, sans oublier, à la périphérie, une piscine, un gymnase et un vélodrome. On accède au quartier par une ligne de tram et un canal, alors qu’une centrale électrique assure son autonomie énergétique. En somme, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui un morceau de ville mixte et compacte. Le projet ne verra jamais le jour, ni à Bruxelles ni à Paris, mais donnera lieu à une intense polémique avec un projet « concurrent » de « Quartier XXe siècle », une polémique qui débouchera sur un procès que Hankar et Crespin perdront. L’analyse détaillée des documents d’archives et de la presse de l’époque éclaire les enjeux des débats sur l’architecture dite moderne en ce XIXe siècle finissant, où les styles néo-historiques font florès. Ce siècle au sujet duquel Viollet-le-Duc demandait s’il était « condamné à finir sans avoir possédé une architecture à lui ». Ensuite, dans une seconde partie, l’auteur s’interroge sur les Expositions universelles d’une manière plus générale et sur la criante absence de l’architecture moderne en leur sein, ceci pouvant expliquer l’échec du projet d’Hankar et Crespin. Temples de l’accumulation des marchandises, lieux du spectacle de l’innovation mais aussi de la tradition, les Expositions universelles, ont concentré bon nombre des contradictions du XIXe siècle. Étaient-elles compatibles avec l’architecture moderne ? Et inversement ?
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