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La Préciosité à travers les collections anciennes de l'Université Catholique de Lille

Courant littéraire européen du XVIIe siècle, la préciosité est marquée par l’élégance des mœurs et l’innovation de langage. Inspiré par la littérature courtoise du Moyen Âge, les précieux français tendent à se démarquer d’une cour royale jugée trop vulgaire depuis Henri IV. Quelques aristocrates et gens de lettre se réunissent donc dans des salons parisiens, le plus souvent tenus par des femmes, où se cultive le bon goût et le raffinement.


L’Astrée (1606-1628) d’Honoré d’Urfé, publié entre 1607 et 1628 est considéré comme le roman précurseur du courant. Les futurs précieux et précieuses lui emprunteront ses valeurs telles que l’amitié honnête, la valeur de la femme, les conversations courtoises, la galanterie…
Le but premier de ces auteurs est de se différencier du reste de la société et cela passe non pas par les idées mais par l’expression et le langage. L’on recherche une élégance verbale, une pureté et une richesse du vocabulaire menant parfois à des expressions peu communes (exemples : charogne, vomir, balai...).
Dans cette littérature les mots jugés trop vulgaires sont bannis du vocabulaire et remplacés par des métaphores, périphrases et autres hyperboles. Par exemple, les dents deviennent l’ameublement de la bouche, la poitrine d’une femme les coussinets d’amour, et les yeux les miroirs de l’âme.

Ces extravagances verbales et littéraires ont pu conduire à quelques abus dont se moqueront parfois leurs contemporains, au premier rang desquels figure Molière et ses Précieuses ridicules (1659). On considère néanmoins que Molière se moquait moins des véritables précieuses que de leurs imitatrices de provinces.
Malgré tout, ces auteurs précieux ont eu une influence non négligeable sur l’évolution de la langue française. La recherche d’un nouveau vocabulaire les amène à créer des néologismes encore présents dans notre quotidien tels que s’enthousiasmer, s’encanailler ou encore anonyme.
Mais plus encore ils tenteront de fixer l’orthographe de façon à faire correspondre l’écrit à la prononciation, simplifiant le vocabulaire tortueux du XVIIe siècle. Ainsi le mot autheur devient auteur ou encore respondre devient répondre.

Les railleries d’une partie de la classe littéraire ont jeté le discrédit sur les précieux et précieuses en les accusant de corrompre la langue, elles n’ont pas réussi à endiguer l’influence de cette littérature sur le français actuel. Si la fin des salons sonne le glas du courant précieux, son esprit critique et les valeurs défendues annonce l’archétype du gentilhomme, personnage emblématique du classicisme français.

Mademoiselle de Scudéry

L’une des grandes figures précieuses fut Mademoiselle de Scudéry. D’un esprit brillant elle ouvre son salon en 1657, après avoir elle-même fréquenté d’autres grands salons.
Rapidement devenu à la mode, c’est notamment dans ce salon que la littérature précieuse se propage. Les plus grands littérateurs s’y retrouveront à l’instar de Mme de La Fayette ou de Mme de Sévigné.

Elle-même romancière, Madeleine de S. portera sa réflexion sur les rapports entre les hommes et les femmes et s’érigera en véritable théoricienne de l’amour galant. Veuve très jeune, elle choisit de rester célibataire par conviction et contribua à faire du courant précieux un terreau favorable aux premiers élans féministes.

Elle publiera un ouvrage intitulé Les Femmes illustres, sous le nom de son frère Georges de Scudéry. La bibliothèque en conserve une édition de 1655 dont la page de titre frontispice gravée est ici reproduite.


Bibliographie :
- Auba Jean, « Préciosité et Libertinage », in : Littératures, 5 février 1957, pp-5-11 (Consulter en ligne).
- René Bray, La Préciosité et les Précieux : de Thibaut de Champagne à Jean Giraudoux, Paris, Albin Michel, 1948 (Cote magasin : 9.F.30/3)
- Mornet Daniel, « La signification et l’évolution de préciosité en France au XVIIe siècle », in : Journal of the History of Ideas, Avril 1940, n°2, pp. 225-231 (Consulter en ligne).
- Scudéry Madeleine de, Clélie, Paris, Honoré Champion, 2001 (Cote libre-accès : 843.4 SCU)
- Urfé Honoré d’, L’Astrée, Paris, chez Pierre Witte et Didot, 1733 (Cote magasin : 6.F.12 ; édition moderne publiée chez Libretto en 2016, cote libre-accès 843.4 URF)

Ecrit par la BU Vauban

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