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De la "beauté de la sainteté" à la sainte beauté : l'esthétique théologique de la poésie de Richard Crashaw / Vincent Roger
Livre
Edited by [s.n.]. [S.l.] - 2008
L’objet de ce travail de recherche est de démontrer que le poète Richard Crashaw (1612-1649), confronté à une réticence à l’égard des images héritée de l’iconoclasme de la Réforme ainsi qu’à l’influence de son père prédicateur puritain, comble un « vide esthétique » au contact du milieu « High Church » de Cambridge, des poètes jésuites néo-latins ainsi que des saints et des martyrs de l’Église catholique. Son œuvre traduit en effet l’accomplissement poétique d’un cheminement personnel, le passage de l’anglicanisme de l’archevêque William Laud et de son idéal de « beauté de la sainteté » au catholicisme romain issu de la Contre Réforme qui envisage fondamentalement le Beau comme une qualité transcendantale de l’être au même titre que le Bien et le Vrai. C’est à la personne de François de Sales que le poète doit les accents suaves de son éloquence sacrée et la théologie affective du « docteur de l’Amour » marque de son empreinte l’univers du poète. Profondément attaché aux miracles et aux mystères de la foi, Crashaw compose une poésie de la célébration et de la joie qui manifeste l’amour rayonnant de Dieu, dans laquelle la figure médiatrice du Père, le Christ, est le centre et le modèle esthétique de toute Beauté : une théologie du pulchrum, une véritable esthétique théologique est à l’oeuvre dans cette poésie sacramentelle qui explore l’unité et la beauté spécifique de la Révélation chrétienne. Dans une Angleterre encore profondément méfiante du Beau transcendantal, conjonction du sensible et du spirituel, l’oeuvre poétique de Crashaw constitue l’un des plus vibrants témoignages de l’esthétique baroque.
The aim of this thesis is to demonstrate how Richard Crashaw (1612-1649), when faced with the reticence about images he inherited from the iconoclasm of the Reformation as well as from the influence of his father, a Puritan preacher, filled this “aesthetic vacuum” through close contact with the Cambridge “High Church” set, Jesuit neo-Latin poets and also the saints and martyrs of the Catholic Church. His works are, in fact, the poetic expression of his own personal pilgrimage as he moved from the Anglicanism of Archbishop William Laud, with his ideal of “the beauty of holiness”, to the Roman Catholicism of the Counter- Reformation which basically regarded Beauty as an inherent transcendental quality in the same way as Good and Truth. The strong influence of Francis de Sales on Crashaw can be seen in his emphasis on sweetness in the divine eloquence. The “Doctor of Divine Love”’s affective theology also left its imprint on the poet’s universe. Deeply attached to the miracles and mysteries of faith, Crashaw composed poems of celebration and joy which reveal God’s radiant love and in which the mediating figure of Christ the Son is the centre and the aesthetic model of all Beauty: a theology of the pulchrum, a form of truly theological aesthetics is at work in Crashaw’s sacramental poetry which explores the unity and beauty specific to the Christian Revelation. In an England still highly suspicious of transcendental Beauty, the mixture of sensitivity and spirituality in Crashaw’s poetic works represents one of the most vibrant expressions of Baroque aesthetics.