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La conservation de la presse d’actualité

Vous êtes-vous déjà demandé la place qu’il faudrait pour conserver tous les numéros du Monde depuis son premier tirage en 1944 ? Et si on les posait les uns au-dessus des autres, la taille du gratte-ciel qu’ils formeraient ? La presse quotidienne d’actualité est par nature fournie : étant généraliste, les sujets ne lui manquent pas. Les archives d’un grand quotidien comme Le Monde ou le New York Times, journaux qui ont couvert toute l’actualité, et finalement toute l’histoire depuis 1945 au moins, sont une mine d’informations sur le siècle écoulé.

De la capitulation des nazis à la préparation des prochains Jeux Olympiques, en passant par les premiers pas d’Armstrong sur la Lune et les dizaines de coups d’Etat qui ont émaillé l’histoire du second XXème siècle, tous les sujets ou presque y ont été abordés. L’économie, la politique, les progrès et les nouvelles frontières de la science, la littérature et le cinéma, enfin toutes les productions de l’esprit humain, bonnes ou mauvaises, ont fait l’objet d’un traitement plus ou moins précis dans les colonnes de ces grands journaux.

Comment dès lors apporter une unité à ces ensembles séquencés, souvent éparpillés au gré des abonnements et réabonnements ? Et comment une bibliothèque assure-t-elle la conservation de si grandes quantités d’imprimés, tout en les rendant exploitables pour les besoins de ses lecteurs ?

La première chose est de garder à l’esprit que toutes les bibliothèques n’ont pas vocation à conserver l’intégralité des journaux depuis leur premier numéro. Il existe, à l’échelle nationale et dans les régions, une répartition de la conservation des journaux entre différents centres documentaires. Par exemple, la presse quotidienne régionale est souvent conservée dans les centres départementaux d’archives : la rédaction d’un journal verse ses numéros aux archives du département où elle se trouve. Pour les journaux nationaux, c’est la Bibliothèque nationale de France qui s’en charge, au titre du dépôt légal. Quant aux bibliothèques universitaires, elles se répartissent souvent la conservation des titres de presse, au gré des besoins et de l’état de leurs fonds. Ainsi, notre bibliothèque ne conserve pas les numéros anciens du Monde ou du Figaro. En revanche, elle conserve plusieurs journaux d’intérêt historique, notamment des journaux éphémères publiés dans la région pendant la Première Guerre mondiale.

Physiquement, la conservation se fait souvent sous forme de reliures, c’est-à-dire que pour un certain nombre de numéros successifs, un mois du Figaro par exemple, on procède à un regroupement dans l’ordre chronologique. Puis, on protège les cahiers ainsi formés par une reliure, qui prémunit de la lumière et de la poussière des journaux souvent imprimés sur un papier beaucoup plus fragile et de bien moindre qualité que celui des livres. Les reliures sont souvent imposantes et peu maniables, car un journal mesure en moyenne 60 à 70 cm de haut, sur 50 cm de large.

Une autre solution, qui présente l’avantage de diffuser la presse historique à un plus grand nombre de lecteurs, est la numérisation : en numérisant en masse les journaux, comme le fait la BnF depuis 2005, et en les rendant disponibles sur le web, on touche davantage de lecteurs !

Enfin, certaines bibliothèques tiennent à conserver physiquement quelques numéros qui font date, quelques «Une» historiques ou quelques articles d’anthologie : dans ce cas, on a un échantillon fidèle du journal en question, à condition d’avoir rigoureusement défini auparavant les critères de conservation.

Pour rendre exploitable la masse d’informations contenue dans tous les numéros d’un journal, il existe certaines bases de données. Ainsi, Times-Machine, qui référence tous les articles du New York Times et possède une fonctionnalité de recherche plein texte. De même, les archives du Monde sont accessibles en ligne moyennant une souscription. La recherche est alors beaucoup plus rapide que de parcourir les 140 mètres d’étagères que représentent tous les numéros mis bout à bout.

Ecrit par la BU Vauban

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