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La médecine : une pratique paradoxale entre science et existence / par Donatien Mallet
Livre
Edited by [s.n.]. [S.l.] - 2005
Dans son exercice clinique, le médecin est en permanence partagé, face à la personne malade, entre une démarche d’objectivation de sa plainte et une nécessaire attention à sa subjectivité. Cette tension nous parait irréductible parce que constitutive de la pratique médicale. La structuration actuelle de la médecine sur une approche scientifique et l’évolution du système de soins viennent contester cette bipolarité. Sans nier la remarquable efficacité d’une médecine asservie à la technoscience, il apparaît nécessaire d’analyser certaines représentations, parfois mythiques, de la science. L’imprégnation massive de notre société par la science en fait un des imaginaires structurant les collectivités occidentales. Cet imaginaire social induit un rapport opératoire spécifique : il est tourné vers le futur ; il occulte la limite ; il minimise ou nie les autres formes de rationalité. Enfin, ce mode actif de rapport au monde ne produit pas en lui-même un réseau de sens tenable pour l’humain. Pour rétablir une dimension existentielle dans la pratique médicale, nous proposons que celle-ci s’appuie sur trois caractéristiques anthropologiques qui composent l’humain dans son rapport à l’existence : la manière d’habiter son corps, la relation au temps et le rapport à autrui. Une des tâches du soignant serait d’édifier un habitat où objectivation et attention à la corporéité, à la temporalité et à l’altérité des différents acteurs pourraient s’interpénétrer. Ce croisement fertiliserait un terreau pour cultiver un réseau de sens et d’action, respectueux des singularités de chacun et des limites de la condition humaine. La médecine assumerait alors la tension paradoxale entre science et existence
The practice of a doctor is based on two axes : he must define the patient's suffering within a scientific context but also be attentive to the emotions, thoughts, convictions, beliefs of the sick person.Today's medicine privileges the scientific method. Science is one of the foundations of our society. The doctor pays less attention to the subjectivity to the sick person. We can criticise certain idealised or mythical representations of this medicine based on science, without denying its efficiency. We propose that the doctor should be more attentive to the patient's relationship to his body, the era and to others