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L’Armenaque du Broutteux de Jules Watteeuw

Comment bien débuter l’année si ce n’est en feuilletant un almanach ?

Cette tradition de rédiger pour l’année à venir un calendrier détaillé des dates récurrentes et des faits marquants à venir est peut-être un peu délaissée de nos jours. Toutefois, ce n’était pas le cas avant le XXe siècle. Lecture populaire, l’al-manach rivalisait avec la Bible en nombre de ventes. On y retrouvait les saints du jour et les bontés des saisons, mais aussi un calendrier des festivités locales, des bonnes adresses, et même des petites histoires. C’est aussi l’occasion pour cer-tains d’en publier des versions humoristiques pour commencer chaque jour sur une note amusante.

De nombreux écrivains s’essayent à l’exercice. Parmi eux, Jules Watteeuw a
l’idée à la fin du XIXe siècle d’en réaliser un en patois tourquennois : "L’Armenaque du Broutteux ». Ne se limitant pas à un simple calendrier, il y ajoute des dictons lo-caux, des petites histoires, des chansons, le tout avec beaucoup d’humour. Ses anecdotes ouvrent une fenêtre sur la vie quotidienne et les mœurs populaires tourquennoises. Toutes les fêtes, foires et ducasses des environs sont recensées. Sur un ton jovial, il cherche aussi à éduquer son lecteur en rappelant des événe-ments historiques régionaux sous la forme de "souvenances du passé".

Au total, 27 tomes de l’Armenaque paraissent entre 1888 et 1919, au format poche
de l’époque (11cm x 16cm). Chaque année, Jules Watteeuw les imprime dans son
établissement : « l’Imprimerie du Broutteux ».

Coup d’œil sur l’auteur

Jules Watteeuw (1894-1947) est un chansonnier et poète de Tourcoing.
Désireux de redorer le blason de sa ville natale, il écrit en patois tourquennois
et s’empare du sobriquet «broutteux», qui devient aussi bien son surnom que
le nom du personnage qu’il met volontiers en scène dans ses écrits. Il est tellement apprécié de ses contemporains qu’il se voit même offrir une maison dans une rue à son nom par les tourquennois. Il l’habite dès 1907 et jusqu’à la fin de sa vie.
Ses textes, des pasquilles, poésies, pièces de théâtre, relatent avec véracité et
une pointe d’humour la vie populaire tourquennoise. Il écrit aussi, en français
cette fois, une Histoire de Tourcoing, en 1902

D’où vient le terme «broutteux» ?

Voyant les habitants des classes populaires de Tourcoing parcourir les 15 km qui
séparent leur ville du marché de Lille en poussant des brouettes pleines de leurs
laines artisanales, les lillois utilisaient le terme «broutteux» («qui pousse une brouette») pour les désigner.

Dans ses textes, le chansonnier Brûle-Maison, de son vrai nom François Cottignies, fit des broutteux des personnages ridicules et sots. Ses moqueries, d’abord gentilles, devinrent vite insultantes, et le terme prit progressivement une connotation négative.

Un siècle après la mort de Brûle-Maison, Jules Watteeuw se réapproprie le terme
de «broutteux» le réhabilitant ainsi pour désigner sans arrière-pensée les habitants de Tourcoing, non sans une pointe de revendication populaire.

Ecrit par la BU Vauban

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