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La symbolique des couleurs dans l’histoire visuelle politique française

La BU Vauban vous fait (re)découvrir l’Histoire, avec Fanny, Chargée de mission valorisation du patrimoine

Léon Cogniet, Pièce allégorique sur les différents drapeaux de la France :[estampe] © Bibliothèque nationale de France

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Les couleurs jouent un rôle important dans la perception de notre monde. Elles sont empreintes de significations culturelles, qui varient selon l’espace et le temps et qui leur confèrent un pouvoir symbolique tout particulier. Si ces associations mentales de perceptions et de valeurs sont un moyen d’expression bien connu des artistes notamment, les connotations qui leurs sont attribuées peuvent également revêtir des valeurs idéologiques, sociales, politiques ou religieuses. Aussi connaît-on l’expression « porter les couleurs » comme témoin de l’engagement, l’adoration ou la loyauté d’un groupe pour une entité donnée. En cela, les couleurs ont presque un pouvoir performatif qui permet de faire exister une valeur, de fédérer autour d’idées communes et d’agir selon une vision partagée.

Au cours de l’histoire, il est possible d’observer une sorte d’ institutionnalisation des couleurs. Dans le cas des drapeaux et blasons par exemple, la visée des couleurs n’est pas seulement allégorique mais elle est également identitaire ; en plus de véhiculer certaines valeurs, elles servent d’emblèmes et visent à représenter une communauté. L’héraldique, ou science des armoiries, née au Moyen-Âge, en est un parfait exemple. Discipline auxiliaire de l’histoire, l’héraldique se sert des couleurs au même titre que des armes pour décrypter les blasons et ainsi retracer l’histoire visuelle d’une ville ou d’une corporation de métiers par exemple. Celles-ci constituent ainsi une précieuse source d’informations et sont particulièrement significatives.

Aujourd’hui encore les drapeaux et leurs couleurs sont pensés par rapport aux valeurs que l’entité se dit incarner. Le drapeau de la France, communément appelé le Tricolore, est ainsi composé de trois bandes verticales, qui ont pour chacune d’entre elles une signification bien connue en rapport avec l’idéal républicain. Le bleu, s’il symbolisait traditionnellement la monarchie, prend après la Révolution française de 1789 les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui caractérisent la République française. Le blanc, lui aussi associé à la monarchie dans un premier temps, fut quant à lui adopté pendant la Révolution française comme symbole de pureté et d’égalité. Il représente dorénavant la couleur de la monarchie renversée et l'idéal de la République. Enfin, le rouge renvoie directement à la révolution et au sang versé pour la liberté. Il symbolise à la fois le courage et le sacrifice des révolutionnaires français dans leur combat pour les idéaux républicains. Ainsi, le drapeau tricolore français cristallise-t-il les principales valeurs de la République française : la liberté, l'égalité et la fraternité, tout en rappelant l'histoire mouvementée du pays, de la monarchie à la Révolution et à la mise en place d'une république démocratique.

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Les drapeaux français de 507 à 1872 : recherches historiques / par le Comte Louis de Bouillé, accompagnées de 50 drapeaux,  Paris : J. Dumaine, 1872

Les drapeaux français de 507 à 1872 : recherches historiques / par le Comte Louis de Bouillé, accompagnées de 50 drapeaux, Paris : J. Dumaine, 1872

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Dans cette optique, l’ouvrage Les drapeaux français de 507 à 1872 (cote 10F66) édité à Paris en 1872 propose une histoire illustrée et une explication des « couleurs nationales » des blasons et drapeaux dans notre pays. Il nous montre ainsi parfaitement la subjectivité des couleurs dont la réinterprétation peut parfois aller jusqu’à l’exact opposé de sa symbolique passée, notamment selon les changements de régime politique. 

On apprend alors qu’ « en 1358, lorsque les Parisiens, sous les ordres du prévôt des marchands, Etienne Marcel, se révoltèrent contre le Dauphin, duc de Normandie, sous prétexte de réformer les abus du Royaume en suivant la direction des États généraux réunis à Paris 1357, ils portaient des chaperons mi-partis bleu et rouge. » (page 11) Appelés respectivement « azur » et « gueule », en héraldique, le bleu et le rouge synthétisaient déjà l’époque des valeurs de rébellion pour la liberté.

En cela, la symbolique des couleurs est un témoignage fascinant de la façon dont les sociétés humaines ont interprété le monde qui les entoure et utilisé la palette infinie des couleurs comme moyen d’expression. Chaque nuance et teinte représente un chapitre dans l'histoire visuelle de l'humanité, révélant une richesse de significations qui transcendent les frontières culturelles et temporelles.

Ecrit par la BU Vauban

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