Les billets du Patrimoine

28 billets

7 abonnés

Billet

blog-post-featured-image

Guillaume de Rubrouck, un étonnant voyageur du XIIIè siècle

La Bibliothèque Universitaire vous fait (re)découvrir l’Histoire, avec Philippe, Magasinier

Au milieu du XIIIè siècle, l’Europe Chrétienne en est à sa septième Croisade ; en guerre continuelle contre l’Islam pour reconquérir la Terre Sainte. Mais depuis quelques décennies, à l’Est d’autres ennemis se montrent de plus en plus virulent : les Mongols. L’héritier de Gengis Khan conquiert Kiev en 1240, il est bientôt aux portes de Vienne, puis occupe Zagreb.

Après quelques échecs de contacts diplomatiques, notamment celui de Plan Carpin, le frère Guillaume, franciscain originaire de Rubrouck dans les Flandres françaises, est mandaté par Louis IX (futur Saint Louis) pour prendre contact officieusement avec le Grand Khan. Avec un autre franciscain et quelques aides, ils partent de Constantinople en mai 1253. Passée la Mer Noire, l’expédition continue en chariots tirés par des bœufs, le premier contact avec les Mongols se situant dans le Caucase. Plusieurs fois la petite troupe se fait dépouiller, deux des quatre chariots sont dérobés. De plus Guillaume n’est pas satisfait du traducteur qu’on lui a adjoint. Plus loin, à trois ils continuent à cheval. Pourtant de camps en bivouacs, de caravanes en campements, suivant toujours vers l’Est les hordes itinérantes, ils parviennent un an plus tard à Karakorum, la capitale du Grand Khan Möngke, petit-fils de Gengis Khan.

Dans le récit de ce périple, Guillaume de Rubrouck se fait ethnologue et géographe. Racontant les coutumes des différentes ethnies, et les cultes de toutes les peuplades rencontrées (musulmans, nestoriens, « idolâtres », bouddhistes …), il y décrit aussi les paysages traversés : montagnes, steppes et fleuves. Ses textes sont riches d’anecdotes et de rencontres, qui attestent de la curiosité, du goût et du talent de leur auteur. Pour son retour, l’envoyé de Louis IX traversera la Volga, passant ensuite par l’Euphrate et la Cappadoce, et rejoindra son couvent de Saint Jean d’Acre en août 1255, d’où il fera parvenir ses manuscrits au roi.

Henry Yule (1820-1889), éminent géographe et orientaliste, spécialiste de Marco Polo, évoquait en 1871 Guillaume de Rubrouck en ces termes : « Son récit, par son caractère richement détaillé, la vivacité des images, l’acuité d’observation et le robuste bon sens, me paraît constituer un livre de voyages à plus juste titre que n’importe quelle série de chapitres de Marco Polo ; un livre certes à qui il n’a jamais été rendu justice car il en est peu qui lui soient supérieurs dans toute l’histoire des Voyages ». Citation issue de son The Book of Ser Marco Polo, the Venetian: Concerning the Kingdoms and Marvels of the East.

Pour aller plus loin : De retour en France, Guillaume de Rubrouck a certainement rencontré à Paris le philosophe et savant franciscain Roger Bacon (1220-1292). En effet, de larges extraits du Voyage dans l’Empire Mongol se retrouvent dans l’Opus Majus de l’érudit anglais.

Aujourd’hui, cinq manuscrits de la relation du voyage de Guillaume de Rubrouck sont connus. Dont trois sont la propriété de la Bibliothèque du Corpus Christi College de Cambridge. Un autre appartient au British Museum. Comme il était de coutume à la fin du Moyen Âge, ces textes sont souvent reliés avec d’autres écrits aux thèmes similaires. L’un d’eux par exemple est relié avec le récit de Jean de Plan Carpin, autre franciscain ayant voyagé vers l’Orient au XIIIè siècle. Guillaume de Rubrouck écrivait en latin, seule langue écrite ou presque en Occident au Moyen Âge. Des éditions dans cette langue sont parues du XVIè siècle jusqu’au début du XXè siècle. Parmi les quelques traductions en français on peut noter celle de Louis de Backer (1814-1896), philologue et historien flamand, né à Saint-Omer, dont notre Bibliothèque universitaire possède un exemplaire paru en 1877 [cote 9.B 9/40]. La dernière traduction date de 1985, aux éditions Payot par Claude et René Kappler [cote 8A.30.8].

Rubrouck, aujourd’hui : A la suite d’un voyage en Mongolie organisé par quelques passionnés sous l’égide de l’UNESCO*, le village de Rubrouck crée, en 1994, un jumelage avec la ville mongole de Boulgan. En 1996, le Musée Guillaume de Rubrouck est inauguré par le Président de la République de Mongolie. Depuis, les rencontres et manifestations se sont multipliées entre les deux communautés.

*Voyage relaté dans Cap sur Karakorum de Patrick Alix, édition L’Harmattan.

Ecrit par la BU Vauban

Description du blog

Ce blog ne contient pas de description et l'auteur n'a rien écrit a son sujet.