C'est la fête !
« Va-t-en aux fêtes à Tournay, A celles d’Arras et de Lille, D’Amiens, de Douay, de Cambray, De Valenciennes et d’Abbeville. Là, tu verras de gens dix mille, Plus qu’en la forêt de Torfolz, Qui servent par salle et par ville A ton dieu le prince des folz » Chanson du XVIè siècle
La Braderie de Lille (1885), Boldoduc. Bibliothèque municipale de Lille
C’est la fête toute l’année dans les régions de Flandre, d’Artois, de Picardie et du Hainaut. Depuis quelques siècles déjà, le nord de la France vit au rythme d’événements récurrents qui sont autant d’occasions d’occuper l’espace, de se déguiser, de parader, de festoyer, de chanter et de jouer de la musique.
Le Carnaval à Lille (1892) - Bibliothèque municipale de Lille
Le calendrier religieux donne le ton. Le Carême, Pâques, la Saint-Jean… pour n’en citer que quelques-uns, sont des événements attendus, mais aucun bon vivant ne se limite à cela. Des festivités populaires s’y ajoutent, comme la Foire ou la Braderie de Lille, les fêtes communales et les fêtes ouvrières.
Les grandes villes se félicitent de donner des « fêtes dignes » de leur réputation. La ville profite des taxes sur les débits de boisson et les riches bourgeois font étal de leurs richesses et n’en récoltent pas moins. En découle le sobriquet « Lillois foireux, gras comme un leup » donné par les paysans et ouvriers aux bourgeois lillois qui s’enrichissent avec les fêtes.
A la mi-carême, on fête le carnaval. S’il a bien gardé une tradition, c’est celle de se déguiser et de clamer des vers burlesques et des pasquilles au ton joyeux. Les sociétés festives et carnavalesques du XIXe siècle, qui n’ont autorisation de se représenter sur la voie publique que lors du carnaval, rappellent la tradition médiévale des « principautés ». Ces dernières étaient des sociétés de rhétorique du nord de la France. Leurs noms burlesques rappelaient le ton jovial des farces et chansons représentées. D’antan nous avions les « Princes d’amour », « les Cabochus », au XIXe les « Boit sans soif », les « Bras Cassés », et aujourd’hui encore des « Gais lurons », des « Gueux »…
Lille, La nouvelle aventure (1858), Boldoduc. Bibliothèque municipale de Lille
La foire de Lille se déroulait une à trois fois par an. Outre un immense marché où l’on venait de loin, c’était aussi l’occasion pour les petits commerçants d’occuper leur devanture et la rue, pour vendre leurs denrées dans une ambiance des plus festives. Les cabarets ne chômaient pas plus que ceux que l’on appelait au XVIe siècle les bradeurs et braderesses - des cuisiniers et cuisinières, marchands et marchandes de viandes cuites. Le terme « brader » qui avait pour sens « griller » a glissé d’usage pour signifier « gâcher », « gaspiller » et « vendre à bas prix ». La grande braderie annuelle de Lille n’a plus le même but que la foire d’antan mais elle en est la descendante !
La fête est aussi ouvrière. À Lille, on célébrait tous les 9 mai les dentelières et les filtiers, par la fête dite du « Broquelet ». Depuis la moitié du XVIIIe siècle, elle avait lieu à la guinguette « La Nouvelle Aventure » au centre de Wazemmes. Cette fête dédiée aux ouvrières et ouvriers et à leur patron Saint Nicolas, pouvait accueillir des milliers de personnes. Elle ne survécut ni au déclin des industries, ni à la fermeture de la guinguette. La dernière fête du Broquelet se tint le 9 mai 1861.
La Fête Broquelet (1803) Watteau, Hospice Comtesse de Lille
Aujourd’hui, certaines festivités ont disparu, d’autres ont été créées, la tradition se perpétue !
Ecrit par la BU Vauban