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Le genre épistolaire au féminin

Les XVIIè et XVIIIè siècles furent une période remarquable pour le genre épistolaire. Les femmes y prirent une part importante - même essentielle. Un certain nombre d’entre elles verront leur correspondance publiée, de leur propre chef si elles destinaient leurs missives à circuler, ou bien de façon posthume, en ce qui concerne notamment leur correspondance privée à laquelle d’autres attribueront une valeur littéraire ou historique.

Le cas emblématique est celui de la marquise de Sévigné, puisque c’est essentiellement l’écriture de lettres destinées à sa fille, la comtesse de Grignan, qu’elle pratique avec une exigence de qualité, qui consacre son style littéraire et la fait reconnaître comme une écrivaine à part entière.

Mais elle ne sera pas la seule à rayonner grâce à son art épistolaire lors du Grand Siècle (XVIIè). On peut citer d’autres épistolières célèbres comme Madame de la Fayette, Ninon de Lenclos, ou encore Madame de Maintenon.

Madame du Deffand entretient ainsi une correspondance, non seulement fournie, mais riche en interlocuteurs célèbres : d’Alembert, Montesquieu, Julie de Lespinasse, l’abbé Barthelemy…

Parmi ces illustres relations épistolaires, Voltaire est certainement le destinataire le plus célèbre. Madame du Deffand est aussi amie avec Marguerite de Launay (baronne de Staal), une autre femme de lettres mémorable.

On peut également suivre la vie amoureuse de Julie de Lespinasse dans sa correspondance avec d’Alembert et le comte de Guibet, ou encore celle, tumultueuse, de Marie Sidonia de Lenoncourt.

Et comment ne pas citer Manon Roland, révolutionnaire qui finira guillotinée, dont les lettres sont un témoignage stupéfiant de cette période troublée et que les écrivains romantiques du XIXe siècle peindront en héroïne légendaire.

On voit poindre chez certaines un féminisme avant la lettre. Arrêtons-nous sur la vie et les écrits d’Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert. À partir de 1710, à l’instar de ses homologues, elle tenait un salon essentiellement dévolu à la littérature. Elle ne se contentait pas d’y accueillir les hôtes les plus éminents... De là partaient polémiques, controverses, nouveaux mouvements, qu’elle soutenait ou dont elle était à l’origine. Elle défendit ainsi Les Lettres Persanes de Montesquieu et fit élire leur auteur à l’Académie Française.

Le fait qu’une femme ait une telle influence et prenne part à des mouvementsou des querelles littéraires est exceptionnel à cette époque. Elle a par exemple publié des écrits novateurs, sur l’éducation notamment. C’est dans un opuscule paru contre sa volonté, Réflexions nouvelles sur les femmes, qu’elle pointe avec le plus de finesse la façon dont la domination masculine, avec une grande injustice, empêche les femmes de s’épanouir. Pour ne rien gâcher, tous ses écrits sont rédigés dans un style remarquable. On trouvera dans ses Œuvres complètes, une sélection de lettres qui viennent confirmer une vivacité d’esprit et un tempérament peu commun et réjouissant.

Dans les collections du patrimoine

Courcelles, Marie Sidonia de Lenoncourt, Mémoires et correspondance de la marquise de Courcelles, 1855. [315470]
Lambert, Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles, Avis d’une mère à son fils, 1822. 6.F.40
Lambert, Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles, Œuvres de Madame la Marquise de Lambert, rassemblées pour la première fois… avec un abrégé de sa vie, 1750. 6.F.40
Lambert, Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles, Œuvres de Madame la Marquise de Lambert avec un abrégé de sa vie Nouvelle édition, 1761. 6.F.63-1

Les lettres et correspondances de Madame du Deffand, Madame de la Fayette, Ninon de Lenclos, Madame de Sévigné, Madame Roland, ainsi que la marquise de Lambert et la marquise de Courcelles (et bien d’autres), sont disponibles sur Gallica 

Ecrit par la BU Vauban

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