Une brève histoire du livre... en braille
L’homme n’est cependant pas le premier à vouloir rendre la lecture accessible aux aveugles. Avant lui, quelques précurseurs avaient développé leurs propres méthodes. Zain Din al-Ämidï, commerçant et professeur aveugle à Bagdad, utilise dès le XIIIe siècle des lettres en relief pour identifier ses livres. En 1670, Francesco Lana de Terzi invente une écriture codée et imprimée en relief : le système lana. Enfin, Valentin Haüy, l’un des plus célèbres, fonde en 1786 la première école française pour jeunes aveugles (elle deviendra l’INJA). Pour enseigner la lecture à ses élèves, il fait gaufrer des lettres de grande taille sur papier épais et publie ainsi en 1786 l’Essai sur l’éducation des aveugles, ou Exposéde différens moyens [...] pour les mettre en état de lire, à l’aide du tact, d’imprimer des livres dans lesquels ils puissent prendre des connaissances de langues, d’histoire, de géographie, de musique. Quelques années plus tard, en 1817, un autre livre notable est publié avec le même système, par les élèves de l’école : Notice historique sur l’Institution royale des Jeunes aveugles.
Extraits du Procédé pour écrire l’écriture, la musique et le plain chant au moyen de points saillants à l’usage des aveugles et disposé pour eux, Louis Braille.
Dorénavant, l’impression s’effectue par des imprimantes qui créent le relief en braille directement sur le papier épais selon des données transmises par ordinateur. Le prix d’un livre en braille demeure plus élevé qu’un livre classique (4 ou 5 fois plus cher) car il nécessite une transcription faite par des spécialistes, des machines particulières et un papier épais. Il comporte également beaucoup de pages et pèse lourd (1 volume classique = 4 ou 5 volumes en braille). À titre de comparaison, la bible complète en braille représente près de 40 volumes. Aujourd’hui, les nonvoyants privilégient la lecture audio ou en braille informatique, sur tablette ou ordinateur.
En janvier 2023, une avancée notable a été faite en matière d’accessibilité : 2000 livres en braille ont été rendus accessibles à prix unique et identique aux livres classiques, près de 40 ans après la loi Lang. Cette loi avait instauré un prix unique fixé par l’éditeur, imprimé sur la couverture du livre. Son but était de protéger la filière de la concurrence et de rendre la lecture accessible au plus grand nombre.
Presse à imprimer en braille et stéréotypie (source Braille.be)
Charles Barbier de la Serre, Principes d’expéditive française pour écrire aussi vite que la parole, 1809.
• Sur le braille :
Vidéo : Louis Braille et son invention révolutionnaire, de l’INA.
G. Pérouze, « Comment on imprime les livres Braille », dans Le Louis Braille, 1911 (article en ligne : Les archives du Louis Braille de 1883 à 2016, Publié le 14 février 2018)
Revue Le Louis Braille, bulletin de l’Association Valentin Haüy, sur Gallica.
Colloque à l’INJA : 70e anniversaire de l’entrée au Panthéon de Louis Braille, 2022.
• Sur l’accès à la lecture :
« D’hier à demain, bibliothèques & publics empêchés. Quel accès au livre et à la lecture pour les publics en situation de handicap ou hospitalisés ? », Journée d’études BnF, 2018.
Ecrit par la BU Vauban