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Management des compétences et travail : des relations contrariées
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Edité par HAL CCSD ; Presses Universitaires du Septentrion
International audience. Ce chapitre aborde la manière dont la notion de compétence a été mobilisée en gestion des ressources humaines (GRH), pour tenter de favoriser le développement d’un management plus adapté aux exigences nouvelles des organisations productives. La GRH a pour fonction de fournir à l’entreprise les ressources humaines dont elle a besoin pour assurer la performance attendue et répondre aux exigences d’une compétitivité accrue. Ayant aussi en charge de les rétribuer, elle participe à la définition de la valeur du travail pour l’entreprise. Le travail s’inscrit dans une configuration productive qui suppose d’articuler des technologies, des dispositifs organisationnels et des compétences (Hubault, 2008) mais qui varie en fonction des contextes, des secteurs d’activités et des qualifications requises. Le management des compétences peut être défini comme un dispositif de gestion fondé sur une philosophie (mettre les compétences au cœur de l’organisation et de la production de valeur), mobilisant une pluralité d’acteurs (services RH, managers de proximité, collaborateurs), des outils de gestion (référentiels de compétences, entretien annuel d’appréciation) des pratiques (encadrement, évaluation) dans la transformation du travail en performance. Une telle opération ne va pas sans contrainte, celle qui impose aux salariés de se conformer à des comportements définis comme professionnels par l’entreprise, qu’ils n’adopteraient pas forcément s’ils n’y étaient contraints (Galambaud, 2001). Ce chapitre interroge plus spécifiquement les raisons, les enchaînements de faits et causes qui ont conduit l’instrumentation gestionnaire de la compétence à s’éloigner du travail et la fonction ressources humaines à s’en « désintéresser », c’est-à-dire, au sens où l’entend Stengers (1992, p. 17), à ne pas l’inclure dans son champ d’action. Après avoir rappelé comment la compétence a permis de repenser le travail (1), nous soulignons comment un usage trop prescriptif l’a éloignée du travail (2) pour soutenir un mouvement plus large de déni du travail dans une économie financiarisée (3).